Colloque inaugural de l'AFGP - Liège, Belgique

Le colloque inaugural de l’Association Francophone de Géographie Physique (AFGP) s'est tenu à l’Institut de Géographie de l’Université de Liège les 29 et 30 juin 2014 avec pour thème : "La géographie physique et les risques naturels".

1er Colloque de l'AFGP - Liège, Belgique

Lors du Congrès de l’Association Internationale des Géomorphologues (AIG-IAG) qui s’est tenu à Paris en août 2013, plusieurs collègues m’ont demandé d’organiser à Liège le colloque inaugural de l’Association Francophone de Géographie Physique (AFGP).

Profitant du "17th Joint Geomorphological Meeting" déjà prévu du 30 juin au 3 juillet regroupant des géomorphologues de Belgique, France, Italie, Roumanie et Grèce, j’ai proposé de nous réunir à Liège les 29 et 30 juin en prélude à cette réunion pour ‘lancer’ l’Association Francophone de Géographie Physique.

Nous avons ainsi pu regrouper des amis francophones provenant de nombreux pays et réunis autour de la thématique du rôle de la géographie physique dans la gestion des risques naturels. Ce thème est cher à l’Université de Liège qui coordonne, depuis 2000, un Master complémentaire en Gestion des Risques Naturels ouvert aux pays francophones.

Au cours de la préparation de ce colloque, j’ai toujours reçu des encouragements de mon maître, le professeur Albert Pissart qui avait accepté de parrainer ce Colloque. Malheureusement, il nous a quitté il y a deux semaines.

Aussi, vais-je débuter notre Colloque par un hommage en son honneur, lui qui avait toujours été un défenseur de la géographie physique et fortement impliqué dans la compréhension des risques naturels.

In memoriam – Albert Pissart (04.04.1930 – 11.06.2014)

Le Professeur Albert Pissart n'est plus parmi nous. Il va laisser un vide dans la communauté des géomorphologues et, en particulier, parmi ses collègues liégeois. Elève du professeur P. Macar, ses premières recherches, dans le cadre de son mémoire de licence en géographie (1952), traitaient des coulées pierreuses dans les vallées en bordure des Hautes Fagnes. Après son service militaire et quelques années passées dans l'enseignement secondaire (1954-1957), le Professeur Macar l'appela à l'Université de Liège (ULg) comme assistant. Dans ce cadre, il réalise sa recherche doctorale essentiellement sur les terrasses de la Meuse en Ardenne du sud-ouest (France et Belgique). Docteur en sciences en 1960, il est alors nommé chef de travaux, toujours à l'ULg, en 1961. Il continue à concentrer ses recherches sur les phénomènes périglaciaires, d'abord sur le plateau des Hautes Fagnes, puis au Pays de Galles et dans les hautes latitudes du Grand Nord canadien. Il étudie en outre le périglaciaire de montagne dans le Chambeyron. Non content d'analyser les formes et phénomènes actuels, il s'intéresse aussi aux traces périglaciaires fossiles témoins des phases froides du Quaternaire dans nos régions. En outre, voulant comprendre la nature profonde des processus périglaciaires, il va tenter de les reconstituer en laboratoire. C'est grâce à ces recherches extrêmement diversifiées qu'il a été rapidement, et est toujours actuellement, reconnu comme un des meilleurs spécialistes mondiaux du périglaciaire. En témoignent ses fonctions de président du comité de coordination des recherches périglaciaires de l'Union Géographique Internationale (UGI) de 1972 à 1980. Ses étudiants avaient même sympathiquement fondé un "permafrost fan club"! Enfin, encore dans ces dernières semaines, il a rédigé un dernier ouvrage sur les viviers des Hautes Fagnes (2014), sorte de testament en somme, où il insiste à nouveau sur l'évolution de sa pensée au fil du temps, ayant fait des viviers d'abord des pingos, puis des palses, avant de convaincre la communauté des géomorphologues qu'il s'agissait en réalité de lithalses.

C'est aussi en reconnaissance de ses qualités exceptionnelles de chercheur qu'il a reçu la plus haute distinction scientifique belge: il fut titulaire de la chaire Francqui au titre belge en 1987, à l'initiative de l'Université de Gand. Il rédigera ainsi "Géomorphologie périglaciaire. Texte des leçons de la Chaire Francqui belge", ouvrage qui fait encore autorité aujourd'hui.

Il fut aussi un enseignant remarquable pour de nombreuses générations d'étudiants géographes, géologues, ingénieurs-géologues et ingénieurs des mines. Il dispensa ainsi les cours de géomorphologie, de géologie du Quaternaire et inaugura en Belgique un cours de photo-interprétation dès 1965. Dans sa carrière universitaire, il a été nommé successivement chargé de cours associé (1967), professeur associé (1973) puis professeur ordinaire (1977), avant d'être admis à la retraite en 1995. Pendant près de vingt ans, il occupa la chaire de "Géomorphologie et géologie du Quaternaire" de l'ULg.

Défenseur de la géographie et plus particulièrement de la géomorphologie, il a été président de la Société géographique de Liège en 1973-74, en 1989-90 et en 2003-2004 et de la Société géologique de Belgique en 1967-69. Il fut aussi membre et secrétaire du Comité national de Géographie et président (1988-93) de l'Association des géomorphologues de Belgique (BAG), dont il fut un des membres fondateurs. Il a aussi été fort impliqué dans les activités de l'Association internationale des géomorphologues (AIG-IAG). Lors du congrès de Bologne en 1997, il a été élu à l'unanimité membre du Bureau de l'IAG (1997-2001) et, en 2005, il a reçu au cours du congrès de Saragosse le suprême honneur pour un géomorphologue: le "bâton" de "Honorary Fellow" de l'IAG, gravé à son nom en reconnaissance de l'ensemble de ses recherches en géomorphologie. Il était encore présent au dernier congrès de l'IAG à Paris en août 2013.

Sa renommée internationale et son éminence scientifique lui ont valu d'être élu membre correspondant en 1992, puis membre dès 2003 de l'Académie royale de Belgique, dont il fut Président et Directeur de la Classe des sciences en 2005.

Ses élèves, ses collègues, ses confrères garderont de lui le souvenir d'un très grand scientifique, intègre, dévoué à la géographie, mais aussi d'une grande amabilité, toujours à l'écoute de l'autre.

Au revoir, Monsieur Pissart.

André Ozer
Département de Géographie
Université de Liège

Association Francophone de Géographie Physique

Les débats autour de la langue unique imposée au Congrès de l’Association Internationale de Géomorphologie à Paris, en septembre 2013, ont montré la nécessité de défendre la langue commune aux francophones. Cette démission des responsables de la géomorphologie française n’est que la manifestation, dans un nouveau domaine scientifique, d’une démission assez générale des élites françaises face à la domination de l’anglo-américain.

Or, il existe déjà, et parfois depuis longtemps, des associations francophones dynamiques, comme en palynologie, climatologie, sédimentologie, hydrologie… qui permettent à leurs membres de s’exprimer en français. Il est temps que, en géographie physique, une telle possibilité soit offerte aux chercheurs. C’est pourquoi j’ai proposé, en novembre 2012, la perspective de la création d’une Association Francophone de Géographie Physique.

Les buts de cette association pourraient être :

  • Faire respecter, lors des réunions scientifiques internationales, les principes de plurilinguisme de l’ONU et de ses organisations,
  • Faire respecter, en France, les lois sur l’utilisation de la langue française dans les réunions scientifiques internationales,
  • Regrouper tous les francophones quelle que soit leur nationalité. En particulier, permettre aux chercheurs francophones trop peu nombreux dans leur pays pour former une structure représentative, de pouvoir cependant faire connaître leurs positions,
  • Soutenir les demandes des autres associations linguistiques de reconnaissance dans les manifestations scientifiques internationales,
  • Soutenir les revues scientifiques francophones,
  • Intervenir au sein de l’Organisation Internationale de la Francophonie pour obtenir son soutien,
  • Organiser des manifestations scientifiques prioritairement francophones,
  • Tisser des liens avec les autres organisations scientifiques francophones,
  • Promouvoir les échanges entre géographes physiciens francophones.

Jean-Louis Ballais
Professeur émérite à l’Université d’Aix-Marseille (France)
Fondateur de l’Association Francophone de Géographie Physique

Publications

Les textes retenus ont fait l'objet d'une publication, après double revue anonyme par les pairs, dans un numéro spécial de la Revue Géo-Eco-Trop.

Photos


Retour
Date : 29-06-2014 Catégorie : Activité AFGP
> Page précédente : Contact